Kilian Marlève: Marché-durable.ch est une initiative citoyenne créée par des consommateurs  qui souhaitaient pouvoir avoir accès à la qualité des produits du marché sans forcément devoir régulièrement y aller, parce qu’on a tous les problèmes, à savoir pouvoir avoir son samedi matin de libre. Ce site internet a donc été créé et  permet à chacun de commander ce qu’il veut, les produits dont il a envie, dans les quantités  dont il a besoin chaque semaine , pouvant ainsi en changer à chaque fois.

Concrètement, comment ça marche ? les gens sont affiliés dans un groupe de quartier, de village ou d’ entreprise et sont regroupés avec un maraîcher, principalement, qui va leur proposer chaque semaine un étal  avec ses différents produits au prix du marché.

Les avantages de ce système sont d’avoir à disposition des produits maraîchers très frais , de qualité du marché, avec une distribution très courte. Les maraîchers sont donc sélectionnés pour leur proximité : ils livrent tous dans des distances extrêmement réduites.

Actuellement, on a une quarantaine de points de distribution qui existent dans le canton de Vaud, pour une grosse partie dans la région lausannoise, mais aussi sur la Côte, et une petite dizaine de points de distribution dans les entreprises où le principe est exactement le même, mais les gens peuvent prendre leur commande en quittant leur travail en fin de journée.

On a une filière très courte, ça permet aussi d’être très modeste sur les emballages, vu qu’on se déplace avec des cagettes vertes pour les fruits et légumes. On peut ainsi proposer d’autres produits de la région qui  ont parfois de la peine à être diffusés largement, je pense à des huiles, confitures, farine

Décembre 2009, Lausanne

Interview réalisé dans le cadre du Podcast #2 sur l’agriculture contractuelle de proximité

Sébastien Meer: Le gros problème quand vous passez dans l’agriculture bio maintenant, c’est que quand vous écoulez vos produits dans les supermarchés, quels qu’ils soient, vous passez par une phase de reconversion qui est de trois ans. Il faut savoir qu’en Suisse, quand vous avez un domaine qui est déjà en agriculture conventionnelle, donc déjà très propre (vous avez moins d’intrants),  pour passer de cette étape à l’étape bio, il faut compter au moins trois ans de reconversion. Vous êtes alors en reconversion et devez passer l’ensemble du domaine en bio : à savoir que si sur votre domaine il y a un poulailler non bio, vous ne pouvez pas prétendre à être bio. Ce qui est très exigeant. Les agriculteurs font l’effort de passer en bio, mais les supermarchés les paient comme s’ils n’étaient pas bio. Donc, beaucoup d’agriculteurs ne veulent pas fournir cet effort, vu qu’ils ne seront pas rémunérés pour le travail qu’ils vont fournir pour cette reconversion. C’est là qu’on trouvait qu’il était intéressant pour une association (par exemple le Jardin Potager) de soutenir (***) cette reconversion en trouvant des personnes dans la masses des consommateurs intéressées par le soutien du passage de non bio à bio. D’où l’intérêt d’une structure type ACP, à savoir assurer ce tampon difficile qui est la raison pour laquelle les agriculteurs ne passent souvent pas en bio.

(***) En ce qui concerne le projet du Jardin Potager, Gilles Roch, agriculteur, était déjà certifié bio. La reconversion en bio n’est aujourd’hui par soutenue. Il serait intéressant qu’elle le devienne dans le cadre d’une structure faîtière comme la FRACP.

Décembre 2009, Ballens

Interview réalisé dans le cadre du Podcast #2 sur l’agriculture contractuelle de proximité

Derrière le terme technique et un peu rébarbatif d’ACP, ou « agriculture contractuelle de proximité », se cache un concept de solidarité citoyenne, de souveraineté alimentaire et d’équité commerciale.

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